Ouzbekistan: un documentaire télé retourne l'opinion publique contre les protestants

Nota: Nous reproduisons cette dépèche intégralement bien qu'elle n'ait pas pour objet une "secte", afin d'illustrer comment un gouvernement autoritaire (dictature) a vite fait de transformer une légitime lutte contre les sectes en suppression de la liberté de pensée.

Un pseudo documentaire, diffusé l'été dernier, représente le pasteur Ruzmet Voisov et sa congrégation - l'Eglise du Plein Evangile d'Ourguentch - comme un rassemblement "d'extrémistes chrétiens" coupables d'avoir transgressé les lois ouzbeks et menaçant la stabilité du pays. Le programme de 22 minutes intitulé "Zalolat" ( ce qui signifie "désastre") mélange des scènes filmées d'un raid contre l'église avec les interviews d'officiers de police, de magistrats et de religieux musulmans. Un chrétien de la région raconte: "Après la diffusion de l'émission, certaines personnes nous ont dit: les wahhabites sont en fait bien meilleurs que vous". Les groupes musulmans illégaux qui cherchent à renverser le gouvernement ouzbek pour instaurer un Etat islamique sont communément appelés "wahhabites" dans ce pays en référence à un courant islamiste radical particulièrement présent en Arabie Saoudite.

Dans le mois qui a précédé le raid contre l'église, 50 membres ont subi des interrogatoires de la SNB (la police secrète). Le dimanche précédant les faits, deux inconnus sont entrés dans l'église pendant le culte. Après un temps d'observation, ils sont partis. Finalement, le dimanche 26 juin 2005, un car rempli de policiers anti-émeute s'est arrêté devant la salle de culte vers 10 heures du matin. Quelques hommes sont entrés. Trois d'entre eux étaient équipés de caméras. Ils ont déclaré le rassemblement illégal et commencé à prendre les identités des participants. Finalement le pasteur ainsi que 40 membres de l'église ont été emmenés au poste de police où ils ont dû expliquer par écrit pourquoi ils participaient à cette rencontre "illégale" avant d'être relâchés. "Maintenant, nous sommes sur écoute téléphonique et le bâtiment de l'église est sous surveillance. La police a averti les membres que s'ils étaient repris lors d'un culte ou d'un rassemblement, ils seraient poursuivis en justice risquant des peines de prison et de fortes amendes", explique le pasteur Voisov. La communauté a donc dû se diviser depuis en petites cellules de maison.

Source : Portes Ouvertes (janvier 2006)